…Dans la série de céramiques qu’elle intitule fort à propos Micro-narratives, de petites figurines à corps d’enfant et tête d’oiseau, de renard ou de raton-laveur, s’agenouillent ou se recroquevillent sur elles-mêmes ; la tête trop grosse, trop lourde de rêves étranges, en équilibre instable, peut se poser au sol ou s’échanger ; la précarité de l’installation et la fragilité du matériau évoquent la vulnérabilité des personnages. La maison de porcelaine blanche rappelle la forme archétypale d’un dessin d’enfant encore maladroit, avec son toit à deux pans, et ses murs aux contours tremblants. Mais sur ce volume simple et clair, l’artiste trace la silhouette insaisissable, noire et grise, de multiples branchages qui s’entrecroisent, comme si le paysage lui-même se reflétait sur le petit édifice sans porte ni fenêtres, donnant à voir toute la forêt environnante et ses jeux mobiles d’ombres et de lumière. Avec la petite maison perdue au fond de la forêt, comme avec l’ensemble de petits personnages hybrides, l’artiste convoque ainsi tout un environnement de contes à la fois familiers et étrangement inquiétants.
Anne-Belle Lecoultre Brejnik, 2013
Eclairage du mois, Fonds cantonal d'art contemporain Genève